Un Russe passionné de généalogie laisse entendre que la doyenne de l’humanité, Jeanne Calment, décédée à 122 ans, aurait été remplacée par sa fille Yvonne en 1934 afin d'éviter d'avoir à payer des droits de succession (plus d'infos sur la controverse ici).
L'objet de cet article n'est pas d'alimenter la controverse, le conspirationnisme, ni de vanter le micro climat d'Arles. Néanmoins puisque le débat est ouvert, autant en profiter pour parler fiscalité.
La famille Calment avait elle véritablement intérêt à frauder le fisc ?
La famille Calment avait intérêt à mettre en place un échange d'identité entre Yvonne la fille et Jeanne la mère, uniquement si les droits de succession étaient suffisamment élevés en 1934 pour légitimer un tel cinéma.
En 1934 le taux marginal d'imposition sur les successions en ligne directe avoisinait les 40%. Pour comprendre ce taux, il faut le mettre en perspective avec le taux qui était appliqué quelques années plus tôt. En effet jusqu'à la loi du 25 février 1901, le taux d'imposition sur les successions était de 1% environ. La famille Calment aurait pu se sentir trahie face à cette hausse d'impôt. Ils auraient alors décidés de réaliser une usurpation d'identité entre Yvonne et Jeanne Calment.
En comparaison aujourd'hui la tranche marginale d'imposition sur les successions en ligne directe est de 45% (article 777 du CGI). Ainsi, un taux élevé n'explique pas le grand âge de notre Jeanne internationale, mais il explique peut-être pourquoi la France compte autant de centenaires. La France étant le 9e pays au monde en termes d'espérance de vie (données 2015).
Enfin, en dépit de tout le plaisir que l'on peut avoir à rapprocher avec humour et légèreté un fait divers au monde de la fiscalité ; le comportement le plus sage et le plus respectueux pour notre arlésienne internationale est malheureusement de ne pas en parler. Wittgenstein disait d'ailleurs qu'il faut taire ce dont on ne peut pas parler.
"Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire."
Wittgenstein