Incoterm est l’abréviation anglo-saxonne de l'expression «International Commercial Terms», que l’on pourra également retrouver traduite en français sous l’appellation : Conditions Internationales de Vente "CIV".
Les Incoterms résultent d'une codification des modalités d'une transaction commerciale mise en place par la Chambre de Commerce Internationale. Chaque modalité est codifiée par trois lettres (par exemple, EXW, CIF, FAS, FOB, DDP etc), elle est indissociable du lieu de livraison auquel elle s'applique.
L’incoterm n’est donc certes pas une notion fiscale (I), toutefois, il nous intéresse ici car il a des conséquences fiscales (II) qui pourront se révéler très lourdes pour celui qui les supporte.
I. Présentation des Incoterms
Lorsqu’un vendeur et un client entrent en négociation pour la livraison d’un bien, le coût du trajet de l’entrepôt du vendeur à la boutique du client, peut prendre une importance considérable. Par exemple, le résident d’un pays A souhaite acquérir une nouvelle machine-outil très onéreuse pour améliorer la production de son usine. Le vendeur d’un pays B confectionne cette machine-outil dans son propre entrepôt. Pour transporter cette machine-outil de l’entrepôt du vendeur vers les usines de l’acheteur, un très grand nombre d’aléas peuvent surgir : la machine est très volumineuse et son transport est particulièrement onéreux, le bateau qui transporte la machine-outil coule, ou tout simplement la machine tombe et est endommagée, etc. Il est donc nécessaire de définir en amont lequel des deux cocontractants supporte le coût du transport et lequel assure le bien.
Le contrat va donc prévoir un incoterm afin de déterminer jusqu’à quel point exact du trajet le vendeur est responsable du transport, et jusqu’ à quel point exact le vendeur assure le bien. Pour le reste du trajet ce sera donc l’acheteur qui paye le transport et assure le bien.
Les Incoterms peuvent être librement déterminés par les parties comme elles l’entendent. Elles peuvent également s’en remettre au lexique des Incoterms de 2010.
- L’incoterm EXW (Ex-work) est le plus proche du vendeur. Le vendeur est en charge du transport et de l’assurance du bien jusqu’à la sortie de son usine
- L’incoterm DDP (Delivery DutyPaid) est le plus éloigné du vendeur. Le vendeur est en charge du transport et de d’assurance du bien jusqu’à l’entrepôt de l’acheteur
- Entre l’EXW et le DDP se trouvent un certain nombre d’incoterms à mi-chemin entre l’usine du vendeur et l’entrepôt de l’acheteur, par exemple : FOB (Free On Board) le vendeur est libéré lorsque le bien est placé à bord du bateau, FAS (Free AlongsideShip) le vendeur est libéré lorsque le bien est placé le long du quai.
Le schéma suivant aidera à avoir une vision synoptique des Incoterms envisageables.
II. Les conséquences fiscales de l’Incoterm
En principe nous avons vu que l’Incoterm n’est pas une notion fiscale, toutefois, le but du présent article est d’alerter sur les risques fiscaux qui peuvent naître de l’Incoterm.
Les principaux risques fiscaux sont rencontrés face à l’utilisation d’un incoterm EXW (A) ou DDP (B). Bien, nous vous proposons une liste non-exhaustive des risques ; si vous en connaissez d’autres n’hésitez pas à réagir dans les commentaires, et nous pourrons ainsi compléter la liste à la lumière de votre sagesse.
A. Risques fiscaux liés à l’incoterm EXW
- Absence de documentation d’export pour le vendeur :
Un des principaux avantages fiscaux lié à l’export est que le vendeur est exonéré de TVA.
En effet, quand le vendeur réalise une vente destinée à l’export il remplit une documentation d’exportation qui justifiera auprès de l’administration fiscale de son pays qu’il n’y ait pas de TVA collectée sur la vente du bien.
Lorsque l’incoterm choisi est EXW la documentation d’export est réalisée par l’acheteur et non par le vendeur. Le vendeur n’a donc pas en sa possession la documentation d’export et aura livré le bien à la sortie de son usine. En pratique, l’administration fiscale de son pays va lui demander pourquoi il n’a pas facturé de TVA et ce dernier n’aura pas de justificatifs.
Si une clause d’incoterm EXW est prévue au contrat il faudra donc prévoir que l’acheteur transmette bien la documentation d’export au vendeur sans délai. En pratique ce n’est pas toujours faisable, et il pourra être difficile de faire pression sur l’acheteur pour lui demander une documentation qui est égarée dans les méandres de son service administratif.
B. Risques fiscaux liés à l’incoterm DDP
- Absence de documentation d’import pour l’acheteur :
L’acheteur ne remplit pas de documentation d’import, et par conséquent ne paye pas les droits d’import (notamment la TVA et droits de douane).
Par conséquent l’incoterm DDP fait peser au vendeur le poids fiscal de l’importation qui pourra grever le contrat de manière très significative.
De plus il faut mettre cette conséquence fiscale en perspective avec la pratique du monde des affaires. En effet, le vendeur n’est pas enregistré à la TVA dans le pays de l’acheteur (ce sera souvent le cas) tandis que l’acheteur sera enregistré à la TVA puisque c’est son pays d’activité. Ainsi le vendeur qui paye la TVA d’import va supporter le coût de cette TVA comme s’il était un client final, alors que si l’acheteur avait supporté cette TVA il aurait pu la compenser avec sa TVA collectée ou encore obtenir un remboursement de son crédit de TVA.
Toutefois, comme nous l’avons vu plusieurs fois, l’incoterm n’est pas une notion fiscale. Il sera donc possible d’insérer une clause dans le contrat visant à faire supporter les droits d’importation sur l’acheteur et non sur le vendeur. Cette clause ne modifie pas l’incoterm DDP puisque le vendeur reste responsable du transport et de l’assurance du bien depuis son usine et jusqu’à l’entrepôt de l’acheteur mais au moment de passer la douane il remplira la documentation d’import au nom et pour le compte de l’acheteur et non en son nom propre.
Nous vous proposons une clause de "DDP Free import" dans l’article sur les clauses d’incoterm
- Risque pour le vendeur d’être en situation d’établissement stable
Le vendeur prend le risque d’être vu par l’administration fiscale du pays de l’acheteur comme un assujetti réalisant une vente locale. En effet, il a une activité de transport et d’assurance dans le pays de l’acheteur et paye de la TVA locale. Dans le cas où la vente serait à exécution successive et s’étalerait dans le temps, cette situation peut créer un risque d’établissement stable pour le vendeur.
Par exemple, supposons que le vendeur d’un pays A livre une machine-outil par semaine à un acheteur d’un pays B selon l’incoterm DDP et pour une durée de 6 mois. Dans ce cas il y a un risque pour que l’administration fiscale du pays B considère que le vendeur soit en situation d’établissement stable et lui réclame une imposition à l’IS local.
Par conséquent si les ventes se produisent pendant plus de six mois, ou si le vendeur n'est pas enregistré à la TVA dans le pays de l'acheteur, l’usage d’un incoterm DDP parait relativement risqué pour le vendeur.
En bref :
- L’incoterm va déterminer comment l’acheteur et le vendeur se répartissent le coût du transport et l’assurance du bien
- L’incoterm n’est pas une notion fiscale mais peut entraîner des risques fiscaux
- Les fiscalistes devront être particulièrement vigilants face à un incoterm EXW ou DDP
Damien
Envoyé le 03/04/2022Cora
Envoyé le 21/02/2022Groleau
Envoyé le 14/01/2022Franck Nigiel
Envoyé le 29/12/2021RAPHAEL SENDREZ
Envoyé le 04/03/2021Romain Ponsot
Envoyé le 04/03/2021COMPTABLE VAL DE MARNE 94
Envoyé le 27/01/2021Romain Ponsot
Envoyé le 27/01/2021HELLO
Envoyé le 17/01/2021Romain Ponsot
Envoyé le 17/01/2021AUDREY
Envoyé le 08/01/2021Romain Ponsot
Envoyé le 10/01/2021NZ
Envoyé le 09/09/2020Romain Ponsot
Envoyé le 24/10/2020Pejsmann
Envoyé le 09/07/2020Romain Ponsot
Envoyé le 24/10/2020cherif M delamarre
Envoyé le 07/12/2018Romain Ponsot
Envoyé le 10/12/2018